Interview de l'auteure quelque jours avant la sortie du roman. En espérant que ça vous
donne envie de le prendre !
Interwiew pour le roman « Leur mère à toutes et Au nom de la mère »
L’auteure : rouge
Mes questions : noir gras
L’AUTEURE
Comment vous est venu cette idée d’écrire ce roman ?
J’avais terminé mon premier roman et je voulais me lancer dans un nouveau projet. (je suis actuellement dans cette période de vide, c’est l’une des plus désagréables en tant qu’auteur, on a toujours cette peur d’avoir écrit notre dernier livre). J’avais envie d’une histoire dans le passé, dans une léproserie. En me renseignant sur les léproseries en France, j’ai découvert la prison Saint-Lazare, qui en a été une au Xième ou XIIème siècle, si je ne me trompe pas. Et en faisant plus de recherches, j’ai eu envie d’écrire sur cet endroit, qui a été une prison pour femmes au XIXème. Pour Sœur Marie, je ne sais plus vraiment ce qui m’a décidé de choisir une sœur comme personnage principal ; je pense qu’il est possible que ce soit une manière d’avoir une personnalité « pure » sur laquelle il ne restait plus qu’à projeter ce que je souhaitais. Bien sûr, le roman s’écrit au fur et à mesure, les premières lignes, le premier plan n’a rien à voir avec ce qu’il est maintenant, d’autant que j’écris beaucoup plus sans ligne directrice depuis quelque temps, avec seulement quelques idées en tête.
Etes-vous plus du style à faire des chapitres épistolaires, ou tout du même point de vue ?
Je pense que cela dépend du livre. Mais en général, j’aime bien me déplacer d’un point de vue à un autre, j’aime quand c’est vivant, quand plusieurs voix peuvent entrer en collision, se contredire. Souvent quand on est face à la page blanche, ça peut débloquer, de se déplacer sur un autre personnage. Le livre gagne en épaisseur et en profondeur (même si rester dans le même personnage et le creuser au maximum est aussi une bonne idée). Bref, pas de règle préétablie, encore moins avec le temps.
Pourquoi une autoédition ?
J’aime bien la liberté que ça provoque. Si je ne suis pas contente, je peux changer quelque chose, que ce soit la couverture ou apporter une nouvelle lumière sur le texte. Mais j’aimerais bien être éditée un jour.
Combien de temps avez-vous mis à écrire ce roman ?
Un an et demi environ pour les deux parties, avec de grandes plages de flottement. J’ai dû me motiver pour écrire la seconde partie, et pourtant, maintenant, je pense qu’elle est plus réussie que la première.
Avez-vous déjà eu le syndrome de la page blanche pour ce roman ?
Page blanche à proprement parler, non, car quand je suis décidée devant mon ordinateur, quelque chose sort, même si c’est mauvais (que je corrige avec le recul). Ce qu’il me faut en revanche, parfois, c’est la motivation. Et pour ça, pas grand-chose à faire : je fais une pause, je lis beaucoup, et souvent lire me donne envie d’écrire. Je pense que le plus dur quand on est auteur autoédité, c’est l’impression de jouer à un jeu vidéo en mode difficile : on n’a pas beaucoup de visibilité, il faut beaucoup gesticuler pour avoir des retours (et je remercie les chroniqueuses de leur confiance par la même occasion).
Avez-vous déjà participé à des concours d’écriture ?
Oui, celui d’Amazon et des auteurs inconnus, (je crois, de nom).
Petite, aviez-vous déjà la fibre pour écrire ? Vers quel âge avez-vous commencer à écrire ?
Petite, je voulais être actrice. Peut-être que c’est assez similaire ; se mettre dans la peau d’un personnage, s’imprégner de ses moindres gestes, moindres pensées… J’écrivais des poèmes, je crois même avoir gagné un concours au CM2. J’ai essayé d’écrire des romans depuis que j’ai la vingtaine.
Quel est, selon vous, le livre que tout le monde devrait lire ?
Madame Bovary, Belle du seigneur ? Mon cœur hésite.
Votre top 3 des romans que vous adorez ?
Ouh ! De toute une vie, trop dur, mais sur une année, je peux répondre. En ce moment, je lis l’autobiographie de Karl Ove Knausgaard en 6 tomes, et c’est franchement très bien. J’ai adoré Ton absence n’est que ténèbres de Jon Kalman Stefansson dernièrement. Lors de la sélection du Goncourt, Au printemps des monstres de Jaenada m’a complètement séduite. Allez un petit dernier, My absolute darling de Gabriel Tallent.
Votre top 3 de film d’auteur à regarder absolument ?
Ouh… dur. Tueurs nés d’Oliver Stone, Kill Bill (c’est pas très original, mais je suis fascinée à chaque fois que je le vois), Tout sur ma mère d’Almodovar, Underground d’Emir Kusturica. La scène d’Edward aux mains d’argent où Edward détruit les mains tendues par Vincent Price, et qu’on voit la finitude humaine résumée en une image, notre malédiction à nous, la sienne à lui d’y être imperméable (j’avais 8 ans, je crois, et quand j’y pense, je ressens le même effroi). Ce sont les claques dont je me souviens.
L’HISTOIRE
1. Vos personnages sont-ils inspirés de choses réelles ?
La prison Saint-Lazare a existé. Elle servait surtout à enfermer les prostituées. On peut dire que mes personnages sont inspirés de choses réelles dans le sens où j’ai regardé pas mal d’images de l’époque et l’imagination a fait le reste. Le point de départ, ce n’est même pas 5% du résultat.
2. Avez-vous déjà pensé qu’il était possible que vos personnages existent dans la vraie vie ?
Dans la vraie vie, non, mais je me suis déjà dit qu’ils existaient dans une réalité parallèle et que, qui sait, nous aussi nous serions des personnages crées par un auteur d’une autre dimension. Et après je gratte les restes de tartiflette d’une assiette avec mon éponge et je me dis que mon auteur n’est pas très inspiré.
3. Avez-vous été dans un couvent pour vérifier l’exactitude de vos propos ?
Non, je comprends la démarche, mais ce n’est pas l’exactitude du propos qui m’intéresse.
4. Que veut dire « mère pour tous » pour vous ?
Dans le livre, c’est une référence à la Vierge, mais aussi à sœur Marie. Elle est confidente, protectrice des femmes de Saint-Lazare, c’est une mère et elles aussi, finalement avec elle. La maternité est un sujet qui me passionne. Et puis je ne peux pas trop m’étendre sur le sujet sans dévoiler l’intrigue du second tome^^
5. Est-ce qu’il y a une part de vous dans vos personnages ?
Oui, je suis Madame Bovary^^. Oui, bien sûr, mais aussi de mes proches. Ce sont souvent les points de départ, après c’est lors du processus d’écriture qu’ils s’étoffent et s’éloignent de moi. Je pense que Robin est l’un des personnages qui me ressemblent le plus (Chardon chéri). Mais il est vu comme un branleur, je ne sais pas si c’est bon signe :D
6. Avez-vous déjà écrit un livre avec comme personnage principal comme s’il en était auteur ?
Robin me ressemble et est auteur. Après, il y a de moi un peu partout, et sans doute nulle part réellement. Je ne pense pas faire d’autobiographie, je pense que ça nécessite un courage que je n’ai pas. C’est pratique de pouvoir se cacher derrière la fiction.
7. Aimeriez-vous connaitre vos personnages dans la vraie vie ?
Pas tous. Sœur Marie et les femmes de Saint-Lazare, oui assurément. Georges, beaucoup moins. Robin, Nour, Lise, et les autres personnages de Chardon chéri, oui, bien sûr. Delphine de Fièvre de lait, moins. Même si elle peut être touchante, je ne pense pas qu’on s’entendrait.
8. Quels sont les personnages où vous avez eu le plus de facilité à décrire ?
Je ne sais pas s’il y a vraiment un personnage plus facile, peut-être que c’est surtout l’expérience, c’est de plus en plus simple d’écrire, et il est possible que les personnages soient plus complexes avec le temps. Mon premier roman, quand j’y pense, je sais que je pourrais rougir, parce qu’il y a encore beaucoup de marges de manœuvre. Et sans doute que ceux que j’écris actuellement me feront rougir dans quelques temps. C’est un apprentissage qui ne s’arrête jamais. Peut-être que Sœur Marie a été assez simple, elle est douce, bonne, elle fait souvent ce qu’il faut faire, ce n’est pas compliqué à écrire.
9. Quels sont les personnages qui vous ont donné du fil à retordre et dont vous avez mis du temps à écrire leur personnalité ?
Le père Paul, dont j’ai carrément changé des détails entre la première version de Leur mère, et l’actuelle. Encore une preuve que le livre n’est jamais ce qu’on a imaginé à première vue. Disons qu’au départ, je voulais parler des zones grises, des comportements à problème dans la sexualité et le « couple ». Mais bon, il y avait beaucoup d’agressions, déjà à Saint-Lazare, puis dans les récits des autres femmes, et plus j’y pensais, moins j’avais envie que ce soit tout noir. Donc j’ai « gommé » ce qui posait problème : le fait qu’il soit concupiscent et prenne le dessus.
10. Avez-vous écrit avec des chansons en particulier votre roman ?
Non, pas de musique. A part éventuellement les comptines à la télé quand ma plus petite était encore à la maison, mais sinon, concentration maximale^^
11. Etes-vous fière du résultat ?
Ce serait dommage de dire non, à quelques jours de la sortie :D
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